Ci-dessus, la lettre envoyée par Philippe Grumbach; cofondateur de Pariscope avec Daniel Filipacchi; dans laquelle il demande à Bosc une centaine de dessins par mois et 4 couvertures! Cette lettre est adressée à l'Hotel de la poste à Florac où Bosc séjournait lorsqu'il était trop fatigué pour dessiner ...

          A cause de sa maladie, Bosc ne fera aucune couverture et ne publiera que 38 dessins dans ce magazine; mais grâce à cette lettre nous prenons conscience de l'énorme possibilité qu'aurait pu être la collaboration Grumbach - Bosc :

 

 

Philippe Grumbach a suivi Bosc tout au long de sa carrière. On lit dans cette carte de bonne année 1966 qu'il a été "remercié" de ce magazine qu'il avait fondé! Dès qu'il est devenu directeur de L'Express, il a donné à Bosc cet énorme support que fut ce magazine.

Philippe Grumbach est un journaliste français, né à Paris en 1924, mort en 2003. Entré à l’Express en 1954, il en deviendra directeur après le départ de Claude Imbert en 1971. Il a aussi travaillé au Crapouillot, fondé Pariscope, guide culturel parisien. Il a été membre du Haut conseil de l’audiovisuel et administrateur de l’Institut national de recherche pédagogique.

Les 2 lettres ci-dessous datent de 1972 :

 

 

Un aristocrate s'en va
Par L'Express, publié le 16/10/2003

Pionnier de L'Express, Philippe Grumbach est décédé. Hommage :
Craint ou vénéré, il avait le culte du culot, des idées et des jeunes journalistes. Philippe Grumbach s'est éteint à 79 ans, la même année que Françoise Giroud, et ces deux personnalités, qui - c'est tout sauf un secret - ne s'aimaient guère d'amour tendre, auront marqué à vie l'histoire de L'Express. Pionnier du journal, puis directeur de sa rédaction, Philippe Grumbach a rejoint son vieux frère Tim, disparu l'an dernier. En évoquant sa mémoire, Philippe avait alors un peu dressé son autoportrait: «Ce n'est pas ma spécialité d'éviter les rapports de force, mais, avec Tim, je n'en ai jamais eu.» Notre doux caricaturiste, qui voyait en son ami un dieu vivant et si romanesque, avait d'ailleurs choisi son visage et son élégante silhouette pour illustrer l'oeuvre de Kafka.

Le culot? Après la guerre, cet aspirant des Forces françaises ira suivre une formation de journalisme à Columbia. A son retour, il croise Max Corre, la star de Paris-Presse. Dialogue: «Qu'est-ce que tu fous, toi?

- J'attends que tu m'embauches.

- Qu'est-ce que tu sais faire?

- Pas grand-chose, mais sûrement plus que ce qu'il y a dans tes pages.» C'est ainsi que Philippe Grumbach intègre Paris-Presse. Y crée la rubrique diplomatique. Et fait la connaissance d'un éditorialiste nommé JJSS, qu'il suivra dans l'aventure de L'Express.

Les idées? Entre cent, celle d'envoyer Françoise Sagan à Cuba, en 1960, pour un reportage de visionnaire sur le régime de Castro (voir le numéro spécial de nos 50 ans). Mais il restera - aussi - celui qui, de Siné à Tim, en passant par Sempé, a installé à jamais le dessin de presse à L'Express.

Le culte des jeunes? Il préférait prendre des risques avec leur ardeur de chiens fous que faire des ronds de jambe aux barons de la profession, qu'il traitait parfois plus bas que terre.

Impitoyable mais affectif, cassant et tendre, c'était un homme courageux - il fera le coup de poing contre les agités d' «Algérie française» venus saccager nos locaux - et toujours prêt à envoyer un avion privé à l'autre bout du monde pour sortir de la panade l'un de ses journalistes. Bref, c'est un aristocrate de la presse qui s'en va.